Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt

7h du matin. J’entends la voiture de mon grand-père. Je me lève, sors et me voilà partie pour un voyage en Papousie.

Doux début de journée, frais, silencieux.

Où va t’on ? Dans le coin, me dit-il. Dans des coins où je passe depuis longtemps mais que je ne connais pas. Dans des coins qu’il connaît, qu’il prend le temps de considérer, d’observer. Dans des coins où il s’arrête, où il marche, où il ferme les yeux et respire, ressent. Des coins qui l’attirent, aussi discrets et doux que lui, aussi respectueux que lui. Je voyage dans ma propre ville à travers son regard.

Une autre temporalité. Ou plutôt une intemporalité ? Une fixation du temps à l’heure où le monde dort.

Caligineux, le paysage se dérobe sous nos yeux. Le soleil est discret, il va arriver c’est certain, mais il met du temps à se montrer. On sent cette légère chaleur grandissante qui absorbera la fraicheur du matin. C’est onirique.

La nature nous offre des perspectives, de la profondeur, des couleurs laiteuses, brumeuses, des tons pastel aux alentours de la ville. Elle est un mirage. Elle est omnipotente. On croirait qu’elle est impalpable dans cet air qui se meut. Des petits bijoux, des pépites, des moments clefs auxquels on ne peut échapper. Pour se faire, l’attention doit être vive, les sens en alerte et l’esprit tout entier libre. Je prends exemple sur mon grand-père qui sait tout cela, qui sait accueillir pleinement ce qui se manifeste à lui, savourer l’instant présent. Et c’est à travers une grande admiration, une émotion constante que je le suis et tente de capter notre promenade.

Sans artifice, sans le moindre travail d’image, avec sincérité, je vous livre ce qui émane de la corrélation entre le dehors et son œil si attentif. Il est en pleine porosité avec ce qui nous entoure. Il contemple… contemplons.