"Extimités", avril 2019

Dans mon travail, me confrontant à l'espace public, je mets corporellement mon intimité en jeu. Je me place sous des objets, sous des matières inertes pour les photographier et les transformer en une matière organique, dansante. Très rapidement, le drap, cette double peau qui nous accompagne toute la moitié de notre vie, matière support de notre intimité nocturne, notre histoire sentimentale, sexuelle et personnelle, est devenu mon principal sujet. C’est le lieu de plis, d’empreintes, de traces du corps qui suggèrent une présence.
Extimités est issu d'un autre projet, Intime public, où j'ai fait converser ensemble l'espace public et l'intime de chacun en photographiant des draps époussetés des fenêtres par des habitants.
Gardant le drap comme fil conducteur entre ces individualités rencontrées, comme trait d'union entre le dehors et le dedans, le public et le privé, j'ai créé la série Extimités, guidée par la nécessité de laisser s'échapper ce bout d'intime hors du foyer.
Libérés dans les airs, sur fond bleu, les plis du drap prennent vie, le drap prend corps, il se verticalise et donne à voir un geste que je capte toujours au sol, de manière horizontale. Ce trio d'images est une réponse à la question qui m'anime, à savoir, comment une absence de corps et la photographie sculptent un vide, à mi-chemin entre une intimité et l'espace public.
Extimités, 2019
Impression Latex sur papier dos bleu 125g, 200x133,5cm

Extimité 1 - corps
Extimité 2 - colonne
Extimité 3 - guerrière
Extimité 4 - batoïde
Extimité 5 - proue
Extimité 6 - rire
Extimité 7 - virgule